Être À Soi-même Sa Propre Lumière


Être À Soi même Sa Propre Lumière


Le Désordre, La Confusion Et La Détresse Qui Sont Le Lot De L’humanité Font Partie Du Paysage De Cette Vieille Conscience, Et, Faute D’y Apporter De Profonds Changements, Toute Activité Humaine, Qu’elle Soit D’ordre Politique, Économique Ou Religieux , Ne Nous Poussera Qu’à Une Destruction Réciproque Et À L’anéantissement De La Planète. C’est L’évidence Même Pour Tout Être Sensé.


 Il Faut Être À Soi-même Sa Propre Lumière.


Cette lumière est la seule et unique loi : il n’en existe pas d’autres. Toutes les autres lois émanent de la pensée, et sont donc fragmentaires et contradictoires. 


Être à soi-même sa propre lumière, c’est refuser de suivre la lumière d’un autre, si raisonnable, si logique, si exceptionnel, si convaincant soit-il. Vous ne pouvez pas être votre propre lumière si vous êtes plongé dans les ténèbres de l’autorité, des dogmes, des conclusions hâtives. 


La morale n’est pas une émanation de la pensée ni l’effet des pressions exercées par le milieu ambiant, elle ne relève ni du passé ni de la tradition. La morale est enfant de l’amour, et l’amour n’est ni le désir ni le plaisir. La jouissance, sensuelle ou sexuelle, n’est pas l’amour.


Être à soi-même sa propre lumière : là est la vraie liberté — et cette liberté n’est pas une abstraction, elle n’est pas le fruit de la pensée. Être authentiquement libre, c’est être affranchi de toute dépendance, de tout attachement, de toute soif d’expérience. 


Être à soi-même sa propre lumière, c’est s’être dégagé des structures mêmes de la pensée. Au sein de cette lumière, il n’y a place que pour l’agir, de sorte que jamais l’action ne peut être contradictoire. La contradiction n’existe que lorsque cette lumière est dissociée de l’action, lorsqu’il y a clivage entre l’acteur et l’action. 


Tout idéal, tout principe n’est qu’un processus mental stérile, et il ne peut coexister avec cette lumière — l’un est la négation de l’autre.


Que l’observateur soit là, et cette lumière, cet amour sont aussitôt exclus. La structure même de l’observateur est l’œuvre de la pensée, qui n’est jamais neuve, jamais libre. Le « comment », le système, la pratique n’ont aucun intérêt. 


Seule compte la perception lucide, qui se confond avec l’action. C’est à travers vos yeux que doit se former cette vision, non à travers ceux d’un autre. Cette lumière, cette loi n’appartiennent ni à vous ni à l’autre. La lumière — rien d’autre ne compte que la lumière. Voilà ce qu’est l’amour.




Brockwood Park, le 24 septembre 1973
Extrait du Journal de Krishnamurti, 24 septembre 1973, © 1982
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