Vague À L’âme…


J’ai grandi près de la mer, et même quand je ne la voyais pas, je la sentais présente en moi


La condition modeste de ma famille n’a pas empêché l’insouciance et le bonheur d’accompagner ma jeunesse, puis est venu le mauvais temps, j’ai perdu la mer, et arrachée aux palmiers de la rive, ma vie s’est obscurcie.


J’ai Découvert Alors Le Monde De L’après.


À peine abordé, le pays du refuge m’a montré son hostilité, mes jours ont alors été tristes et souvent insupportables.


Depuis, J’attends.


J’attends je ne sais quoi ni qui d’ailleurs, mais j’attends seulement en vivant au gré des événements et des nécessités de l’instant. 


Réfugié Et Replié En Moi-même J’attends.


Je patiente, et souvent m’impatiente puis résigné ne sachant que faire d’autre, je patiente encore. J’ignore jusqu’à quand ma vie sera ainsi faite. On me voit passer à pied dans ces rues le matin, ou arpenter le boulevard côtier, d’où je contemple le bleu d’une mer qui n’est pas la mienne.



Si parfois absent je souris, croise une connaissance, et échange quelques propos, ce n’est pas moi qui parle. Si l’on me toise du regard, j’affronte et défis, et si d’apparence on me craint, je n’en suis pas surpris, cela m’étonne à peine.


Je n’oublie pas ma Terre, et je n’ai de mémoire que pour les seules et belles images du cher et vieux passé de l’autre rive.


Nul Ne Sait Qui Je Suis, Et Je L’ignore Aussi.


Il me reste les souvenirs qui parfois comblent le manque en moi, ils m’aident à oublier que je suis ici, hors de ma Terre, hors de ma Mer, dans l’attente et la patience.


Je Rêve…


Cap Falcon, L’épicerie de la grande plage, la barque de l’oncle amarrée prés du cabanon, les folles descentes des dunes, le sable brulant sous mes pieds, le canoë dansant sur l’eau, les méduses échouées sur le rivage, la fontaine sur le sentier à flanc de falaise.



Sous L’ardent Soleil D’été, Je Suis Reparti Là-bas.



Aron O’Raney