Swami Ramdas, Le Serviteur De Râm

 Swami Ramdas (1884-1963)


Vittal Rao, connu sous le nom de Swami Ramdas « Le serviteur de Râm », et « Papa Ramdas », naquit en 1884 dans la petite ville de Hosdrug, au Kannada méridional au nord de l'océan Indien. 

Il appartenait à la caste libérale et intellectuelle des Sarasvati qui avait donné des poètes, des éducateurs et hauts fonctionnaires. 

D'esprit très indépendant, il préfère l'école buissonnière, volontiers farceur, toujours allergique à l'arithmétique, il s'intéresse surtout à la littérature anglaise.

À Mangalore comme au collège chrétien d'Udipi, il échoue successivement à tous les examens.

À Seize ans, il s'enfuit de la maison paternelle pour chercher du travail à Bombay, mais il sera bientôt rapatrié par l'oncle chez qui il avait cherché refuge.

Puis il fonde une troupe de théâtre amateur avec ses camarades de Mangalore.

Frappés par ses qualités artistiques, ses parents l'envoient à l'École des beaux-arts de Madras où il y étudie le dessin et la gravure. Avant d'avoir terminé ses études, il reçoit une bourse pour le Victoria Jubilee Technical Institute de Bombay.

Trois ans après, il obtient le diplôme d'ingénieur textile.

Au cours de cette période, il se passionne toujours pour la littérature anglaise avec Shakespeare, Burke et Carlyle, mais aussi pour les écrits de Vivekananda et de Ram Tirtha. 

Revenu à Madras, il travaille d'abord dans une petite entreprise de savonnerie et de tissage manuel.

En 1908, il épouse une jeune fille : Uma Bai. Puis Vittal travaille dans diverses usines textiles avant de s'installer à son compte en 1918. 

À cette époque, il s'associe au mouvement de non-coopération lancé par le Mahatma Gandhi et devient un ardent nationaliste. 

Mais l'appel du divin, qui se manifeste en lui assez tard, commence à se faire entendre avec de plus en plus d'intensité. 

Une expérience vécue vers 1919 l'impressionne fortement. 

Alors que sa femme est atteinte de la variole et que sa fille se remet difficilement d'une coqueluche, il prie ardemment devant la photo d'un grand sannyasin, Shri Pandurangashram Swami. 

Peu après, il constate que sa femme et sa fille sont guéries. 

Puis la vie reprend son cours, il est à nouveau absorbé par les occupations sociales et professionnelles. 

C'est bien plus tard qu'il se plonge dans les enseignements de Ramakrishna, Vivekananda et Ram Tirtha. 

Malgré les objurgations de sa femme et de sa fille, il chante constamment le nom de Râma, y consacrant même une grande partie de la nuit; il pratique différentes formes d'ascétisme et mange de moins en moins. 

Ramdas reçut de son guru, qui n'était autre que son propre père, le mantra suivant : 

« Om Shrî Râm, Jaï Ram, Jaï, Jaï Ram, ce qui signifie Om, Seigneur Rama, gloire à Rama, gloire, gloire à Rama. » 

Après l'avoir reçu, il sentit que ce n'était pas lui qui le possédait, mais que le mantra s'était emparé de lui. Il le répétait constamment, et dans cette répétition, goûtait la joie et la paix parfaite

Alors que sa famille affronte des difficultés financières persistantes, il se détache des préoccupations mondaines, puis décide de parcourir les chemins de l’Inde comme pèlerin.

Commence alors un pèlerinage de trois ans, aux quatre coins de l’Inde, du Cachemire à Ceylan, et du Bengale au Rajasthan. 

Au cours de ce périple, se détachant de son ancienne personnalité, il ne parle plus de lui-même qu'à la troisième personne., et perçoit la présence de Dieu en chaque être vivant et dans les événements de son voyage.

En 1922, sa rencontre avec Ramana Maharshi l’amène à s’isoler pendant 21 jours dans une grotte d’Arunachala, la colline sainte du Tamil Nadu. 

À l'issue de cette retraite s'affirme la profonde conviction que tout est Râma, et, que toute forme de vie est issue de Râma, la Divinité indienne du 20e siècle avant J-C. Il décide alors d’accepter tout évènement comme la volonté divine, et prend le nom de Ramdas. 

À la fin de ce périple, il revient dans son pays d'origine où son frère et ses disciples font édifier en 1931, l'ashram d’Anandashram près d’Hosdrug sa ville natale, afin qu'il puisse recevoir les visiteurs en quête d'absolu.

En 1954, en compagnie de Krishnabai et Swami Satchidananda, ses disciples il entreprend un voyage autour du monde. 

Le 25 juillet 1963, après une paisible matinée, Ramdas pressent sa fin prochaine. Après une sieste plus courte qu'à l'ordinaire, commentant il dit : 

« Ramdas n'a plus besoin de sommeil, il dormira ce soir. » À 18 h 15, une attaque cardiaque l'emportera au milieu des chants dévotionnels du Ramnam.

Il laisse deux ouvrages majeurs sur son enseignement : « À la recherche de Dieu » et « Dans la vision de Dieu » assemblés en un volume portant le titre « Carnet de pèlerinage ».

Le Pére Bruno de Jésus-Marie (1892-1962) voyait dans cette œuvre « peut-être le plus grand livre de mystique qui n’ait jamais été écrit ».  
 

Aron O’Raney —