Nous…


Nous sommes le fléau de l'âme des amants 
Nous ne sommes pas adeptes des maisons 
Nous 

Les imaginations reflétées dans ton cœur 
Crois-tu que nous ne savons pas ce qu'elles sont 
Nous ? 

Ne sommes-nous pas les secrets des imaginations ? 
Ne sommes-nous pas les cuiseurs des passions 
Nous ? 

Les cœurs auprès de nous sont des colombes 
Chaque instant, nous les faisons voler dans une direction
Nous

Le corps demanda à l'âme de lui montrer un signe
L'âme dit : 

De la tête aux pieds, 
nous ne sommes que signe
Nous ! 

Regarde donc tes propres paroles 
Que dans ta bouche nous installons
Nous

Chaque instant, te prenant par le bras 
Dans le repos et la souffrance, 
nous t'emmenons
Nous

Tant que ta nature est de feu, d'eau et d'air 
Nous te ferons goûter le vin de la terre
Nous

Puis c'est ta bouche que nous laverons 
Et tu arriveras au lieu secret
où nous sommes
Nous

Lorsque nous t'aurons emmené dans le caché 
Alors tu verras comment nous sommes en vérité
Nous

Quand nous aurons effacé ta forme de la surface de la terre Tu sauras que nous sommes les prodiges du temps
Nous

Où que tu regardes, tu ne verras plus le temps
Tu te vanteras alors : « nous sommes le non-espace
Nous ! » 

Ton corps prendra la couleur de ton cœur
Et tu danseras, disant : « nous ne Sommes qu'une âme!
Nous! »

Tu poseras ta lèvre sur la nôtre, sans lèvres
Et tu avoueras que nous avons la même langue
Nous

Ô Shams de la religion et Roi de Tabriz!
D'être ton serviteur a fait des rois
De nous!  

LAR, no 1552.
■ Djalâl ad-Dîn Rûmî —