Transformer Son Esprit…


— CLXI —

Regarde ce ruisseau qui brille dans ce jardin. 
Comme moi, 

Décide que tu vois le Kaouçar 
Et que tu es dans le Paradis. 

Va chercher ton amie au visage de rose.

— CLXII —

Tu ne vois que les apparences 
Des choses et des êtres. 

Tu te rends compte de ton ignorance, 
Mais tu ne veux pas renoncer à aimer. 

Apprends qu'Allah nous a donné l'amour 
Comme il a rendu certaines plantes
Vénéneuses.

— CLXIII —

Tu es malheureux? 
Ne pense pas à ta douleur, et tu ne souffriras pas. 

Si ta peine est trop violente, 
Songe à tous les hommes 
Qui ont souffert inutilement depuis 
La création du monde. 

Choisis une femme aux seins de neige, 
Et garde-toi de l'aimer. 

Qu'elle soit, aussi, 
Incapable de t'aimer.

— CLXIV —

Pauvre homme, 
Tu ne sauras jamais rien. 

Tu n'élucideras jamais 
Un seul des mystères qui nous entourent. 

Puisque les religions te promettent le Paradis, 
Aie soin de t'en créer un sur cette terre, 

Car l'autre n'existe peut-être pas.

— CLXV —

Lampes qui s'éteignent, 
Espoirs qui s'allument. 
Aurore. 

Lampes qui s'allument, 
Espoirs qui s'éteignent. 
Nuit.

Traduit par Franz Toussaint, Paris
Q161-165 — L’Édition d’art H. Piazza
■ Omar Khayyâm —