Plaisirs, Souffrances Et Renoncement…


— CLXVI

Tous les royaumes pour une coupe de vin précieux
Tous les livres et toute la science des hommes 
Pour une suave odeur de vin

Tous les hymnes d'amour 
Pour la chanson du vin qui coule

Toute la gloire de Féridoun 
Pour ce chatoiement sur cette urne!

— CLXVII —

J'ai reçu le coup que j'attendais. 
Ma bien-aimée m'a abandonné. 

Quand je l'avais, 
Il m'était facile de mépriser l'amour 
Et d'exalter tous les renoncements. 

Près de ta bien-aimée, Khayyâm, 
Comme tu étais seul

Vois-tu, 
Elle est partie pour que tu puisses te réfugier en elle.

— CLXVIII —

Seigneur, 
Tu as brisé ma joie

Seigneur, 
Tu as élevé une muraille entre mon cœur 
Et son cœur

Ma belle vendange, 
Tu l'as piétinée. 

Je vais mourir, mais tu chancelles, 
Enivré!

— CLXIX —

Silence, ma douleur
Laisse-moi chercher un remède. 

Il faut que je vive, 
Car les morts n'ont plus de mémoire. 

Et je veux revoir sans cesse 
Ma bien-aimée!

— CLXX

Luths, parfums et coupes, 
Lèvres, chevelures et longs yeux, 

jouets que le Temps détruit, 
Jouets! Austérité, solitude et labeur, 

Méditation, prière et renoncement, 
Cendres que le Temps écrase, 

Cendres!
Traduit par Franz Toussaint, Paris
Q166-170 — L’Édition d’art H. Piazza.
■ Omar Khayyâm —