Liberté D’expression, Droits De L’Homme…



Dalaï-Lama, Liberté D’expression, Droits De L’homme : La Question Du Tibet, Une Épine Sous Le Pied De La Chine
■ Beijing (Chine) — 

La question du Tibet semble être l’épine sous le pied des autorités chinoises. 

Face aux journalistes étrangers, les officiels en parlent avec prudence, circonspection et choisissent bien les mots qu’ils utilisent pour décrire la situation qui prévaut dans cette province autonome du sud-ouest de la Chine rendue célèbre par le Dalaï-lama. 

Cette figure religieuse et politique vit en exil à Dharamsala, en Inde, depuis mars 1959, après le soulèvement d’une partie des Tibétains.

Deux membres du Centre chinois de recherches sur les questions tibétaines, Lian Xiangmin et Tsering Yangdzom, ont essayé d’expliquer à des journalistes étrangers la situation qui prévaut au Tibet, une vaste région qui s’étend sur plus de 1,2 million de km2 pour une population à peine supérieure à 3 millions d’habitants. 

La rencontre s’est déroulée à Beijing le jeudi 10 avril dernier, dans l’après-midi, au siège de l’Association nationale des journalistes chinois. 

Le Tibet a accédé au stade de province autonome en 1965, après l’exil, en Inde, du Dalaï-lama, en 1959. Depuis cette année, la région (l’une des cinq provinces autonomes de la Chine) passionne le monde et les médias qui s’intéressent aussi bien à sa religion « le bouddhisme » qu’à ses péripéties politiques. 

Face aux critiques et accusations concernant les violations des droits de l’Homme, les officiels Chinois apportent des réponses quelque peu embarrassantes et un peu « langue de bois ». 

Ils font tout pour convaincre leurs interlocuteurs que les Tibétains vivent en parfaite harmonie avec le reste de la population chinoise. Pour illustrer leurs propos, ils évoquent « le développement fulgurant » que connaît la province depuis quelques années. 

Actuellement, selon Lian Xiangmin, le PIB de la province est de 10 milliards de yuans et l’on constate une forte croissance économique. 

Il n’est pas donné à tous les journalistes de se rendre à Lhassa, la capitale du Tibet, ou dans les autres villes de la province. M. Xiangmin reconnaît que « certains journalistes sont les bienvenus, d’autres non ». 

Les confrères indésirables sont « ceux qui violent les lois sur le Tibet », dit-il sans autre précision. Pour avoir l’autorisation d’effectuer des reportages au Tibet, les représentants des médias doivent d’abord adresser une demande à l’Association nationale des journalistes chinois. 

La requête est ensuite envoyée aux autorités de la province qui donnent une réponse positive ou négative. 

Lorsque nous l’avons interrogé sur la peine de prison de six ans infligée en 2009 au cinéaste tibétain Dhondup Wangchen, après la réalisation du documentaire « Leaving fear behind » qui évoque la situation de sa province, M. Xiangmin a livré cette réponse toute diplomatique : « Les Tibétains sont des citoyens chinois à part entière et ont les mêmes droits et devoirs que les autres. Ils doivent donc obéir aux lois et règlements qui régissent le pays. Au Tibet, la liberté d’expression est réelle, mais personne n’a le droit de violer la loi ». 

Les médias rapportent souvent des cas d’immolation par le feu de Tibétains qui, par cet acte désespéré, expriment leur opposition à la politique menée par les autorités centrales dans la province. M. Xiangmin semble minimiser l’ampleur de ces actes.

Le combat politique du Dalaï-Lama

Selon lui, ce sont des actions spectaculaires « secondaires », voire même « périphériques », commises par de jeunes extrémistes plus guidés par des questions religieuses que politiques. 

Pour convaincre l’opinion publique internationale sur la situation au Tibet, des délégations officielles de la province font le tour du monde. Récemment, une « visite d’explication » a eu lieu à San Francisco et à Vancouver afin de donner aux Américains et aux Canadiens des « informations directes » sur la situation tibétaine. 

« Le reste du monde a des informations de seconde main sur le Tibet, tandis qu’en Chine nous savons exactement ce qui s’y passe grâce à des informations directes recueillies sur place », poursuit M. Xiangmin. 

Selon Tsering Yangdzom, elle-même d’origine tibétaine, les autorités centrales chinoises mènent une politique qui favorise l’enseignement de la langue tibétaine dans les écoles, les collèges et les universités. 

« Il est vrai que le mandarin est la langue la plus utilisée en Chine et qu’il est plus facile de trouver du travail quand on la maîtrise, mais l’État ne néglige pas les langues des minorités ethniques », explique-t-elle. 

Elle insiste sur les politiques publiques destinées à améliorer l’éducation et la préservation du patrimoine culturel tibétain. Ainsi, un programme de 140 millions de yuans est élaboré. 

Il est destiné à l’éducation et à la culture, et la construction de musées et d’infrastructures de santé.

La question du Tibet est tellement sensible que les autorités chinoises ne badinent pas avec les pays qui l’utilisent à des fins politiques. Récemment, une mini crise diplomatique est survenue entre la Chine et les États-Unis lorsque le président Barack Obama avait reçu le Dalaï-lama. 

« Le gouvernement chinois avait protesté auprès des États-Unis, car il considère que les leaders étrangers doivent cesser de recevoir le Dalaï-lama. Depuis qu’il a quitté le Tibet, en 1959, ce dernier n’est plus une figure religieuse, mais politique. Il multiplie les voyages à l’étranger pour chercher des soutiens à son combat politique », explique-t-il. 

Actuellement, les représentants du Tibet participent, chaque année, au mois de mars, à la session parlementaire du Parti communiste chinois. Cela confirme, selon les officiels Chinois, que le Tibet est bien représenté au sein des instances dirigeantes du pays.

■ Modou Mamoune Faye —