Inde, Des Images Guerrières Dans L’Art Rupestre

© Jean Clottes, Meenakshi Dubey-Pathak

Les Images Les Plus Frquentes Ont Trait Au Combat Et La Guerre; Appartenant La Priode Historique, Elles Sont Souvent Superposes Des Peintures Plus Anciennes. 

Outre Arcs Et Flches, Les Hommes Manient Des Boucliers, Des Sagaies Pointes Diverses Ou Des Haches. Un Thme Propre Pachmarhi Est La Reprsentation De Guerriers Portant La Main Des Ttes Humaines.

Ci-dessus, une scène de combat dans l’abri de Rajat Prapat, un guerrier tient à la main une tête humaine.

Ces images témoignent de la violence des temps. Naturellement, les peintures des abris, comme tous les arts tribaux, répondaient à des traditions bien établies et traduisaient les mythes et pratiques de l’époque. 

Elles ont en outre un rôle narratif évident, peut-être conjoncturel. Cela n’empêchait pas les abris ornés de garder une fonction propitiatoire (destinée à rendre la divinité propice) et d’être le siège de cérémonies, lesquelles se poursuivent de nos jours et dont nous avons recueilli des témoignages récents.

L’un des intérêts majeurs de l’art rupestre de Pachmarhi, en effet, est que son contexte culturel a été en grande partie préservé. Il est ainsi possible de considérer ce qui s’est passé dans les tribus locales et d’y découvrir la persistance de traditions ancestrales qui peuvent avoir trait à l’art.

De telles interactions sont plus évidentes pour les périodes les plus récentes, ce qu’en Inde on qualifie d’« art historique », lequel se diviserait en trois périodes principales : la première commencerait vers 2500 BP, avant le présent (historique ancien); la deuxième (Gupta et Gupta tardif) commencerait vers 1500 BP et la dernière (Paramar-Chalukya) se situerait vers 1000 BP.

Il est curieux de constater que l’art rupestre historique en Inde n’a jusqu’à présent pas été apprécié à sa juste valeur et n’est pas considéré par les spécialistes à l’égal d’œuvres plus anciennes, malgré ses qualités artistiques évidentes dans de nombreux cas. L’art historique, sur lequel nous avons porté l’essentiel de notre étude, est majoritaire dans la région de Pachmarhi, et les caractéristiques mentionnées sont particulièrement utiles pour le dater et le comprendre. Nous avons étendu notre recherche à d’autres zones du Madhya Pradesh et du centre de l’Inde, à la fois pour des exemples d’art rupestre et pour des comparaisons avec des formes d’art propres à différentes tribus.

© Jean Clottes, Meenakshi Dubey-Pathak

Ci-dessus, Une Scène de combat dans l’abri de Churna, qui oppose un lion à cornes à demi dressé et vêtu, à un guerrier armé d’un sabre et d’un bouclier. Entre les deux combattants, un homme a perdu tête et bras. 

Ce thème du lion à cornes, appelé Vyala, affronté par un guerrier se retrouve dans des sculptures des Xe et XIe siècles sur les façades de certains des célèbres temples de Khajuraho, toujours dans le Madhya Pradesh.

Il existe une autre voie de recherche, trop souvent négligée jusqu’à présent : la comparaison entre l’art rupestre de Pachmarhi et l’art tribal traditionnel d’une part et les bas-reliefs des temples d’autre part. 

Pour ce qui concerne ces derniers, un simple coup d’œil montre bien que, dans nombre de cas, les armes des guerriers, les vêtements et les coiffures, les éléphants et les caparaçons des chevaux ou encore les instruments de musique sont représentés de manière identique dans les deux formes d’art, ce qui peut fournir des informations culturelles et chronologiques pour les peintures des abris.


■ Jean Clottes, Spécialiste Mondial Art Rupestre
— Futura-Sciences