Poème À La Kaaba




Auprès du refuge a pris refuge 
Mon coeur blessé des flèches de l'adversité. 

Miséricorde de Dieu envers Ses serviteurs, 
En toi parmi les formes inanimées
Dieu a placé Son pacte. 

Maison de mon Seigneur, lumière de ma vie, 
Fraîcheur de mes yeux ; secret de mon coeur, 

Véritable secret du coeur de l'existence, 
Mon pacte sacré, mon plus pur amour ! 

Qibla vers laquelle je me tourne 
Depuis chaque mont et vallée, 

Subsistant dans le Réel depuis les sommets, 
Éteint à moi-même depuis les profondeurs ! 

Kaaba de Dieu, ma vie, 
Mon chemin adoré, ma guidance,

En toi Dieu a placé toute garantie 
Contre la crainte du désastre
Lors du grand Retour. 

En toi resplendit 
La noble Station « d'Abraham »,

En toi se trouvent 
Tous les biens des serviteurs de Dieu. 

En toi est la Main Droite « la pierre noire »
Que mes péchés ont drapé dans sa couleur noire.

Multazam « la porte de la Kaaba » est en toi. 

Celui qui y a recours et s'y accroche par amour
Sera sauvé le jour des cris mutuels. 

Tant d'âmes expirèrent par désir pour elle, 
Souffrant désir et long exil. 

À leurs nouvelles, triste, 
Elle a pris le deuil. 

Dieu répand Sa lumière dans sa cour. 

Quelque chose de cette lumière 
Apparaît dans le coeur. 

Nul ne la voit autre que le pauvre
En pleurs aux yeux cernés, incapable de dormir.

Il tourne autour d'elle sept fois 
Et puis sept encore, 

Du début de la nuit
Jusqu'à la prière de l'aube. 

Prisonnier d'une tristesse sans fin, 
On ne le voit que sous l'emprise

D'un immense effort. 

Je l'entendis invoquer Dieu 
Et dire près de la pierre noire :

Mon coeur, notre nuit a vite passé, 
Mais point le but de mon amour ! 



■ Ibn'Arabî —